L'histoire de la Franc-Maçonnerie à Lyon se confond avec l'une de ses plus brillantes personnalités, Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824), fondateur et vénérable de la première loge lyonnaise, La Parfaite Amitié constituée officiellement le 21 novembre 1756. Il est l'ami et le correspondant de personnalités maçonniques de tout premier plan comme Martinès de Pasqually, Joseph de Maistre ou Louis-Claude de Saint-Martin. Sa quête quasi mystique s'inscrit parfaitement dans la tradition d'une ville secrète, tourmentée, oppressée par le doute existentiel qui attire, en provenance de toute l'Europe, des illuminés, visionnaires ou occultistes comme Casanova, Saint-Germain, Cagliostro ou Mesurer. C'est sans doute de cette époque, que Lyon tient sa réputation de ville occulte, ce qui est parfaitement justifié et qui est resté inégalé à ce jour dans notre pays. On doit surtout à Willermoz, le RER (Régime Ecossais Rectifié), inspiré de la chevalerie templière qui naquit en 1778 lors du Convent des Gaules, réuni à Lyon. Il en rédigea lui-même les rituels que l'on peut voir aujourd'hui, conservés dans le très riche fonds maçonnique de la Bibliothèque Municipale de Lyon. Cagliostro est sans doute le second personnage-clef de la maçonnerie lyonnaise avec la fondation d'une loge-mère d'adoption de la maçonnerie égyptienne, La Sagesse Triomphante, dans le tout nouveau quartier des Brotteaux, inaugurée en grandes pompes, mais en son absence, le 25 juillet 1786. C'est avec Cagliostro que l'engouement et la crédulité des maçons lyonnais, éblouis et conquis par le goût des hauts grades, trouve alors son apothéose mais aussi ses limites.En dehors de ces personnages emblématiques, l'une des particularités de la maçonnerie lyonnaise, a été, et reste aujourd'hui, son engagement en faveur de la bienfaisance voulue dans les loges mais dégagée des formes habituelles de la charité chrétienne. Son apport quotidien à la vie de la cité s'est exprimé d'abord par l'appartenance de nombreux de ses maires à la Maçonnerie, d'Emmanuel Gilibert à Gérard Collomb. Ensuite, elle a épousé toutes les périodes de l'histoire, y compris parmi les plus sombres, comme celle de l'occupation où un groupe de maçons résistants, réunis autour du mouvement Le Coq Enchaîné, ont lavé, au prix de leur vie, l'affront fait par Vichy. Ainsi Lyon, certes capitale des Gaules, a bien mérité sa place dans l'histoire de la Maçonnerie Française, comme étant, à plusieurs reprises, aussi la capitale de toutes les utopies.
[Source : decitre]