117PH - Napoléon III et Eugénie à Lyon en 1860

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Cote/Cotes extrêmes

117PH/1-117PH/24

Date

Entre le 24 août 1860 et le 27 août 1860

Importance matérielle

24 pièces

Caractéristiques physiques

Papier; Papier cartonné

Particularité physique

NB; Epreuves sur papier albuminé contrecollées sur carton

Dimensions

h.25 x l.30 cm

Origine

Pierre-Ambroise Richebourg

Biographie ou Histoire

Ce n'est pas la première fois que Napoléon III vient à Lyon : il fait notamment un bref passage après les terribles inondations de juin 1856. Au mois d'août 1860, c'est cependant un séjour prolongé que font à Lyon le monarque et son épouse, en route pour la Savoie qui vient d'être rattachée à la France.

Au début des années 1850, Lyon vient alors d'absorber trois communes limitrophes, Vaise, La Guillotière et La Croix-Rousse ; il faut les intégrer au tissu urbain et les doter de différents équipements. Lyon est considérée par le régime comme une ville « à surveiller ». Nommé à la tête de l'administration du département du Rhône en 1853, peu après la suppression de la municipalité et avec les prérogatives de maire de Lyon, Claude Marius Vaïsse se lance à Lyon dans une politique volontariste d'urbanisme, sur le modèle de celle menée à Paris par le baron Haussmann.

Le conseil municipal « plein de confiance en Monsieur le sénateur, certain qu'il élèvera la réception de Leurs Majestés impériales à la hauteur de la ville de Lyon, de ses hôtes illustres et de lui-mêmee», vote le 13 juillet 1860 un crédit illimité à cet effet.

La visite des souverains est minutieusement préparée par l'administration lyonnaise, qui s'inspire du cérémonial observé à l'Hôtel de Ville de Paris pour les recevoir et recourt aux services techniques de la ville pour les aspects matériels. Ceux-ci font appel aux fournisseurs officiels des grandes institutions parisiennes. Il s'agit de la maison Julien Belloir pour la conception de décors éphémères et de la maison Boussavit, décorateur officiel pour les fêtes du gouvernement, habituée à travailler avec la maison Belloir pour les décorations florales.

Les archives ne permettent pas de décider si la maison Boussavit est réellement intervenue ; en effet, les archives de la Ville fournissent un état des 7 819 plantes qui ont été achetées auprès de 17 fournisseurs locaux, parmi lesquelles : des plantes vertes, des plantes de serres chaudes, des lauriers roses, des hortensias, divers flox, des reines marguerites, des magnolias, des pélargoniums, des bananiers, des géraniums rouges, des lucias roséas, des rosiers du Roi, des artémises et des gladiolus variés. A celles-ci s'ajoutent les 6 800 plantes commandées au fleuriste : cannas, reines marguerites, pervenches, liliums lancifoliums.

En revanche, cela ne fait aucun doute pour la maison Belloir, connue à partir de 1870 sous la raison sociale Belloir et Vazelle. Au départ spécialiste des décors de théâtre, cette entreprise de tapissiers décorateurs prend son essor sous le Second Empire en développant une activité de création d'architectures et de décors éphémères, pour les cérémonies officielles (Ville de Paris, ministères) et les fêtes de la société parisienne fortunée. Ces aménagements, qui mettent en scène la vie mondaine sur fond de décor merveilleux, sont très prisés à l'époque. Cette entreprise participe ainsi à la plupart des événements remarquables de la seconde moitié du XIXe siècle.

Le voyage est photographié par Pierre-Ambroise Richebourg (1810-1875), qui est à l'origine un opticien. Formé à la photographie par Vincent Chevalier et Louis Daguerre, il se spécialise sous le Second Empire - auquel il s'est rallié - dans la photographie d'événements politiques (venue de la reine Victoria à Paris en 1856 par exemple), de résidences officielles et de bâtiments publics. Il est également spécialiste de la photographie judiciaire. En 1860, Pierre-Ambroise Richebourg se déplace pour l'occasion à Lyon, missionné par la maison Belloir.

Quant au programme de ces journées et aux itinéraires des souverains dans la ville, ils sont minutieusement décrits dans un dossier du service la voirie municipale et dans un dossier de l'administration préfectorale :

  • 24 août : arrivée en gare de Perrache et installation à l'Hôtel de Ville (alors également siège de la Préfecture) en passant par la toute nouvelle rue Impériale.
  • 25 août : présentation des corps constitués au Palais des arts, inauguration du Palais du commerce construit par l'architecte René Dardel, avec visite de l'exposition de soieries et mousselines, fonctionnement d'un atelier à tisser et cadeaux à la souveraine, visite à l'Hôtel-Dieu, promenade dans la ville et au Parc de la Tête d'Or nouvellement aménagé, banquet et bal à l'Hôtel de Ville.
  • 26 août : pèlerinage et messe célébrée par le Cardinal de Bonald à l'église Notre Dame de Fourvière, revue de l'armée de Lyon sur la place Bellecour à 13 heures - « des pavillons seront installés pour Sa Majesté l'Impératrice et les personnes invitées » -, excursion à la Croix-Rousse avec halte dans un atelier de canuts puis au camp de Sathonay ; le soir, feu d'artifice sur la colline de Fourvière.
  • 27 août : départ en chemin de fer de la gare de Genève (Brotteaux) pour Chambéry.

Histoire de la conservation

Documents conservés dans les archives de la manufacture Belloir et Vazelle (découvertes dans les années 2014-2015).

Modalités d'entrées

Achat à la galerie Horizon chimérique en 2017.

Présentation du contenu

Reportage photographique réalisé par Pierre-Ambroise Richebourg pour le compte de la maison Belloir, chargée des aménagements nécessaires à la réception et à la visite des souverains.

Ces 24 épreuves ne présentent que les lieux où des décors furent installés par l'entreprise pour recevoir les souverains, ce qui laisse à penser que ces photographies ne sont pas destinées au public, mais bien plutôt des images commandées au photographe pour en garder la mémoire dans les archives de la société. Les lieux photographiés sont annotées au crayon de papier. L'une des photographies comporte, en marge, un croquis.

C'est pourquoi ce reportage ne couvre pas la visite à Fourvière, la promenade au parc ou encore l'inauguration du Palais du commerce. Pour avoir des images de ces moments, il faut se tourner vers la presse.

Mode de classement

Classement géographique, par lieu ou bâtiment. Certaines vues sont annotées au crayon.

Conditions d'accès

NC Pièce jointe (Communicabilité vérifiée)

Conditions d'utilisation

Reproduction autorisée pour usage privé.

Caractéristiques matérielles et contraintes techniques

Les documents sont estampillés d'un cachet à sec de forme rectangulaire « Richebourg photographe à Paris ».

Existence et lieu de conservation de copies

Ce fonds a été numérisé et est consultable en pièces jointes.

Documents en relation

Archives municipales de Lyon

  • 1II/190 : "Napoléon III à Lyon 1860", relation manuscrite des événements établie par Jean-Baptiste Monfalcon pour le préfet Vaïsse et annotée par lui.
  • 925WP/276 : "état des plantes nécessaires pour la garniture de l'Hôtel de Ville" dressé par le jardinier en chef le 8 août 1860.

 

Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon

  • 1M/165 : Séjour de l'Empereur et de l'Impératrice (1860).

Bibliographie

  • Dormont Catherine, "C'était il y a 158 ans : retour sur un séjour impérial dans la capitale des Gaules", in Lettre d'information des Archives municipales de Lyon n°48, juillet-août 2018. Le texte a été repris sur le portail de recherche, dans l'actu des fonds : "Séjour impérial en 1860".
  • Monfalcon Jean-Baptiste , Histoire monumentale de Lyon, Paris, 1866, 4e partie, chap. XIII, pp.48-59 (cote AML 1C/450001).
  • Le Monde illustré, 1er septembre 1860.
  • Catalogue de l'exposition Belloir et Vazelle, Paris Galerie Jane Roberts fine arts, 14 octobre-14 novembre 2015.
  • Catalogues de la BNF et du musée d'Orsay.

 

Mots clés lieux

Mots clés matières

Cote/Cotes extrêmes

117PH/1-21

Conditions d'accès

NC Pièce jointe (Communicabilité vérifiée.)

24 photographies numérisées et jointes à la  notice descriptive.

Mots clés typologiques

Transformation de la grande cour en salon-jardin.

Cote/Cotes extrêmes

117PH/19-21

Présentation du contenu

Dans le reportage, l'aménagement de la grande cour en salon-jardin couvert avec parquet retient l'attention. Toutefois, au moment de la prise de vue, le chantier n'est pas encore terminé comme le montrent la présence d'échelles éparses sur le sol et l'absence d'éléments de décor connus par les récits et les dessins qui en ont été faits, telle la fontaine ornée des statues du Rhône et de la Saône disposée entre les deux rampes de l'escalier provisoire.

Jean-Baptiste Monfalcon, bibliothécaire de la Ville de 1836 à 1870, en a fait, non sans une certaine admiration, le récit détaillé dans son Histoire monumentale de Lyon : voici ce qu'il écrit sur la décoration de la grande cour de l'Hôtel de Ville :

" ce qu'il y avait d'original, c'était la métamorphose de la cour de l'Hôtel de Ville en salon-jardin avec des eaux jaillissantes. Vu du perron, entre les deux rampes du bel escalier, ce jardin était d'un fort bel effet ; on avait ménagé sur plusieurs points des plates-bandes émaillées de plusieurs milliers de marguerites en fleur et très vigoureuses ; tous les espaces libres dans les encoignures et autour de la cascade étaient garnis de camélias, d'orangers, de palmiers, de bananiers et des arbustes exotiques les plus rares. Les eaux du bassin circulaire de l'hémicycle, à l'est, retombant de leur vasque, formaient une lame cristalline partout continue ; ce qui attirait surtout les regards, c'était une fontaine en rocailles, entre les deux rampes de l'escalier [3] ; elle était placée au fond d'une grotte décorée d'une multitude de fleurs et de deux statues penchées sur des urnes desquelles jaillissaient, en murmurant, des eaux limpides qui disparaissent bientôt sous la verdure ; elles personnifiaient le Rhône et la Saône. Des jets de gaz, ménagés au milieu de la verdure et des eaux, produisaient des effets de lumière très agréables ; le grand bassin du fond, à l'est, répandait tant de fraîcheur qu'on ne pouvait rester assis sur son bord circulaire. Rien de plus élégant et de meilleur style que la décoration des façades latérales de ce salon ; Les fenêtres de l'un des côtés étaient garnies de barreaux de fer épais mais d'un assez bon travail : dorés dans toute leur étendue, ils devinrent un ornement. Des portières en damas masquèrent les fenêtres du rez-de-chaussée ; celles du premier étage furent recouvertes de tentures en damas cramoisi. Des panneaux revêtirent l'intérieur des murs ; on les orna d'armoiries et de trophées. Une grande difficulté à vaincre, c'était d'improviser une toiture pour la vaste cour ; on en vint à bout, au moyen d'une immense toile goudronnée, entièrement revêtue à l'intérieur de tentures de couleurs variées, disposées avec art et retombant en draperies sur les murs latéraux".

A tout ce dispositif, l'on ajoute une voie de communication entre le salon « extraordinaire » ainsi créé et le premier étage (salle de bal). L'architecte y pourvoit au moyen d'un escalier provisoire à double évolution et à double rampe bien visible sur l'une des épreuves.

Sur les photographies prises par Pierre-Antoine Richebourg, les barreaux de fenêtre dorés, les portières en damas, les trophées, les tentures et tous ces décors sont bien présents, tels que Monfalcon les décrit.

Conditions d'accès

NC Pièce jointe

Mots clés lieux