Simon Maupin est généralement connu pour ses réalisations architecturales, en particulier la construction en 1646 du nouvel hôtel de ville de Lyon, mais on connaît peu de choses de la vie de l'homme : il serait né en 1598 près de Langres, plus précisément à Longeau (ou à Longeau dans la Somme). On ne sait pas non plus les motifs de sa venue à Lyon où sa présence est officiellement constatée à partir de 1623. Il est d'abord qualifié de « peintre, architecte et ingénieur du Roi » puis, à partir de 1637, Simon Maupin est appelé aux fonctions de voyer de la Ville de Lyon. Le voyer est un officier communal chargé de l'entretien des voies publiques, mais aussi des fontaines, des fortifications et, d'une manière générale, de tous les édifices communaux.

En 1625, la municipalité de Lyon sollicite Simon Maupin pour produire une carte de la ville. Les Archives municipales gardent la trace de la décision de paiement de cette vue de 1625, accompagnée des motifs de sa réalisation :" Au Sieur Maupin, graveur en taille douce la somme de quatre-vingt-dix livres pour aucunement aider aux frais et dépenses qu'il a faites pour faire le plan de la ville de Lyon pour servir à l'honneur et réputation d'icelle [...] " (CC/1738, fol. 60 v°). Cette mention est explicite de ce qu'attend la municipalité en participant aux dépenses de Simon Maupin : la ville veut pouvoir offrir à l'extérieur une image de sa grandeur par la représentation de ses remparts et ses bâtiments.

La carte est gravée par V. Guigou, graveur principalement connu pour ses frontispices et ses illustrations d'éditions lyonnaises, et elle a été imprimée par Froment, imagier de la rue Mercière à Lyon.

Le plan a été acheté en 1979.

Le plan, orienté à l'ouest, est la troisième édition du plan de 1625 de Simon Maupin. Il a été mis à jour par Froment et gravé par V. Guigou en 1714.

Ce plan « à vol d'oiseau » représente Lyon ainsi que les faubourgs alentours tels que la Guillotière ou Vaise. Orienté à l'ouest, le plan figure la ville du sud au nord. Les points cardinaux sont d'ailleurs signifiés au niveau du lit du Rhône. De part et d'autre du plan, un texte vante les beautés et les atouts de la grande cité et dresse une liste des églises et monastères ainsi qu'une table des noms de rues, places, quais, ports, portes et ponts de Lyon. Dans la partie droite du plan, deux cornes d'abondance soutiennent les Armes de France et de Navarre ainsi que les blasons de grandes familles lyonnaises : François de Neuville (1644-1730), gouverneur de la ville et Maréchal de France et Alphonse de Créqui (1626-1711), Comte de Canaples. En dessous des blasons figure une vue de la nouvelle Maison de Ville.

En matière de cartographie, la figuration de cette vue associe une partie géométrale (les rues et les chemins) et des parties dessinées en perspective selon des points de vue localisés, permettant alors une représentation topographique très fidèle de la réalité du terrain. On distingue en effet nettement les vignes, les champs, les bois et les jardins d'agrément.

Quant à la forme générale de la ville, celle-ci a peu changé depuis le XVIe siècle. Lyon est enserrée entre ses cours d'eau. Les remparts dessinent les limites au nord aux portes de la croix-Rousse, au sud au niveau d'Ainay, à l'est sur la rive droite du Rhône et à l'ouest aux portes de Saint-Irénée et de Vaise. De nouveaux ponts franchissent la Saône au niveau de la Place Louis Le Grand (l'actuelle place Bellecour) et de Saint-Vincent. Deux barrages à Vaise et à Ainay surveillent le passage. Le Rhône est divisé en plusieurs bras formant lônes et brotteaux, qui laissent peu de possibilités à la construction. Deux grandes places sont toutefois nouvellement aménagées : la place Louis le Grand entourée de belles façades et d'une promenade arborée et au centre de laquelle trône la statue équestre de Louis XIV ; plus au nord, apparaît la place des Terreaux et son nouvel hôtel de ville. Juste à côté, le couvent Saint-Pierre offre une belle façade sur la place.

Le plan est classé dans le fonds général des cartes et plans de grands formats (1S).

Papier collé. Le plan comporte des taches d'humidité : manipulation délicate.

Le plan est numérisé et consultable en ligne.

Archives municipales de Lyon

• BB/194 : paiment par la ville de Lyon à Simon Maupin de travaux pour contenir le Rhône.
• CC/1738 : paiement par la ville de Lyon du plan à Simon Maupin.
• AC/2/NP/729 : plan de Lyon par Simon Maupin en 1625.
• 1S/66 et 2S/587 : plans de l'hôtel de ville (1646-1647).

Bibliothéque municipale de Lyon

• Plan de Maupin versions de 1659 (Rés 28122/14) et 1659-1695 (F 17 MAU 004390).

Archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon

• FG/A/119 : plan de Maupin.

• Audin Marius, Bibliographie iconographique du Lyonnais, 3 tomes en 2 volumes, Bibliothèque de Lyon, Lyon, 1909-1912 (1C/308227/VOL/3/2).
• Benoît Bruno, Béghain Patrice, Corneloup Gérard, Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Editions Stéphane Bachès, 2009, 1504 p. (1C/601273).
• Coll, Forma Urbis, les plans généraux de Lyon, XVIe - XXe siècles, catalogue d'exposition, Lyon, Archives municipales de Lyon, 1997, 249 p. (1C/600554).
• Delfante Charles, Pelletier Jean, Plans de Lyon, Lyon, Editions Stéphane Bachès, 2006, 155 p., figuré p. XX (1C/8561/SAL).
• Grisard Jules, Notice sur les plans et vues de la ville de Lyon de la fin XVe au commencement du XVIIIe siècle, Lyon, Mougin-Rusand, 1891, ch. IV, pp. 25-53 (1C/500114/SAL).
• Gutton Jean-Pierre, Histoire de Lyon illustrée, Le pérégrinateur, 2008, 204 p (1C/8639/SAL).
• Jocteur-Montrozier Yves, « Simon Maupin, peintre, architecte, ingénieur du roi et les diverses éditions de sa Description au naturel de la ville de Lyon et païsages alentour d'icelle » in Gryphe, fasc., n° 7, 2003.
• Vanario Maurice, Les rues de Lyon à travers les siècles, Editions lyonnaises d'art et d'histoire, Lyon, 2002, 333 p (1C/5475).
• L'armée dans la ville : forces en présence, architectures et espaces urbains partagés (XVIe-XXIe siècles) : sous la direction de Émilie d'Orgeix et Nicolas Meynen.- Presses universitaires du Midi, 2022 (Cote AML : 1C/10122), figuré p. 186